Le Covid-19 n'est pas que coup de massue pour la presse écrite
Pour se tenir au courant de ce qui se passe ici et dans le monde, de l'évolution de la pandémie du Covid-19 et des espérances de sa fin..., il y a évidemment la télé, la radio, la navigation sur Internet...où l'on trouve des informations et des analyses de partout et dans tous les domaines.
Il est toutefois une catégorie de gens qui, même si elle n'occulte ni le petit écran -ou le TSF- ni les réseaux sociaux, se sent quand même frustrée, parce qu'elle est, depuis le confinement, privée de son journal préféré, version papier, auquel elle reste attachée et que la crise du coronavirus n'a pas épargné. Loin de là...
Depuis un bon bout de temps, tout le monde s'accorde à dire que la presse écrite est de moins en moins rentable, compte tenu des changements majeurs qui ont bouleversé le paysage médiatique. Aujourd'hui, elle s'enfonce carrément dans une crise qui semble inextricable et le surcroît de problèmes menace, désormais, jusqu'à son existence.
Rien ne va plus..
Certainement salutaire sur le plan santé, l'annonce du confinement a, à l'opposé, rendu impossible l'habituelle diffusion des quotidiens et des périodiques, constituant un véritable coup de massue pour le plus vieux média du monde. Les imprimeries ont ainsi été mises à l'arrêt et les rouleaux de papier, intacts et désolés, regardaient les rotatives, devenues muettes. Cela a mis à rude épreuve un secteur qui était déjà à la recherche d'une mutation et de nouveaux équilibres -surtout économiques- et qui se bat, désormais, pour sa survie, en essayant de trouver de nouvelles armes face à la crise. C'est ainsi que quelques journaux ont tenté de s’adapter, avec un nombre conséquent de journalistes qui se sont mis au télétravail, afin de faire que l'activité continue.
Dans cette configuration assez complexe, des journaux comme "Al Maghreb" ou encore "La Presse de Tunisie" ont rapidement et un tant soit peu, pu s'adapter à cette nouvelle situation pour continuer à être toujours là et à ne pas rompre leur parution, à défaut d'être diffusés. "La Presse", ce quotidien emblématique qui a marqué, depuis les années 1930, l'histoire moderne du journalisme dans notre pays, a continué à être publié en version PDF. Son site web est également demeuré ouvert aux internautes et à ses inconditionnels. Mais il faut se rendre à l'évidence qu'économiquement cela n'était point rentable, car les annonceurs n'ont pas suivi. Or, quand a pub déserte, rien ne va plus.
Une lueur d'espoir..
Mais il est, malgré tout, une lumière qui tente de transpercer dans ce sombre tableau. En effet, le Covid-19 et ses répercussions a poussé des professionnels à s'essayer à des voies qu’ils n'empruntaient pas -ou peu- précédemment. Nous pensons notamment au journalisme de solution, à la data ou encore au fact-checking... qui peuvent une partie de la solution. Car il ne s'agit pas d'oublier ou d'occulter la qualité. En fait, ce qui compte en premier lieu et dans tout produit médiatique c'est, en effet, le contenu. Les journaux qui préserveront cette qualité et ancreront, par là-même, leur image, tiendront mieux le coup et résisteront davantage au choc que ceux qui essaieront (ou continueront d'essayer) d'émouvoir plutôt que d'informer.
Inutile de rappeler que s'insérer dans l'émotionnel et le sensationnel est une politique de ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Que cette pandémie serve à la presse écrite pour se refaire une santé, de réajuster, s'il le faut, la mire et pour œuvrer à renforcer les moyens à même de lui assurer qualité, crédibilité et équilibre financier, à travers un modèle économique adéquat. Qu'elle ne baisse pas la garde, car le toucher du papier et sa senteur demeurent pour beaucoup de lecteurs à nuls autres pareils et que rien ne remplacera jamais.
La mort de la presse écrite n'est assurément pas pour demain,..
Mohamed Ali Arfaoui